L'Australie aux avant-postes du réchauffement climatique(Mars 2006) Le réchauffement climatique a pris de l'avance en Australie. Températures moyennes en hausse chaque année, feux de broussaille à répétition, sécheresse chronique, inondations plus graves, hausse de la mortalité liée à la chaleur, réserves naturelles et espèces animales menacées: les effets dévastateurs du phénomène se font déjà sentir sur ce continent.
A deux heures de route de Sydney, la région de Goulburn, renommée pour ses élevages de moutons mérinos, pourrait bien représenter, avec une longueur d'avance, l'image future du réchauffement climatique, un concentré des problèmes que risque de rencontrer le monde d'ici quelques décennies.Dans la ville de Goulburn, pour cause de pénuries d'eau chroniques, les habitants ont oublié ce que veut dire laver sa voiture ou arroser son jardin. Les élèves ne fréquentent plus les terrains de sport, si secs et si durs qu'ils en deviennent dangereux.
Goulburn se situe sur un plateau frappé par une sécheresse continue depuis quatre ans.
Sa principale retenue d'eau est tombée à moins de 10% de sa capacité. A tel point que ses 23.000 habitants ont dû changer radicalement leurs habitudes et adopter un mode de vie entièrement tourné sur les économies et le recyclage d'eau.
"C'est vraiment un signe des temps", constate Gail Lawton, qui a dépensé 100.000 dollars australiens (61.000 euros) pour faire installer une machine de recyclage d'eau dans sa laverie automatique et sa station de lavage de voitures. "J'ai l'impression que les dirigeants du monde ne prennent pas cela suffisamment au sérieux."
L'année 2005 a été la plus chaude en Australie depuis que les archives météorologiques existent.
La température moyenne à travers ce pays continent a atteint 22,89 degrés centigrades, soit 1,09 degré de plus que la température moyenne des années 1960-1990. Et cela devrait s'empirer dans les prochaines décennies, avec une hausse moyenne supplémentaire de un à six degrés d'ici 2070, selon les prévisions du principal centre de recherche publique, l'Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth.
Cet organisme gouvernemental attribue cette hausse des températures principalement à de plus fortes concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, comme le dioxyde de carbone.
Si ces prévisions se confirment, la température des mers va, elle aussi, augmenter, accélérant la destruction de
la Grande Barrière de corail, au large de l'Australie. La hausse considérable des feux de maquis et de broussaille qui font déjà rage chaque été est aussi à prévoir. Les experts craignent une hausse de la mortalité par suite de maladies liées à la chaleur, pouvant atteindre 15.000 morts supplémentaires par an d'ici 2100.
D'après les scientifiques et spécialistes de l'environnement, si le réchauffement climatique se fait déjà sentir si fort en Australie, c'est en raison de sa situation géographique, autour des latitudes tropicales de l'hémisphère sud, avec un historique d'excès climatiques, tels que l'alternance fréquente de sécheresses et d'inondations.
L'Australie est le continent habité le plus sec de la planète -seul l'Antarctique est plus sec-, si bien que tout déclin des précipitations ou toute hausse des températures a un fort impact sur les réserves d'eau et sur l'agriculture, entre autres choses.
Pour les associations de défense de l'environnement, la réponse réside dans
le Protocole de Kyoto, qui fixe des objectifs chiffrés de réductions des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2012 et qui appelle au développement de sources d'énergie alternatives comme l'énergie éolienne ou solaire.
Le gouvernement australien reconnaît que les températures moyennes s'élèvent. C'est pourtant le seul pays industrialisé, avec les Etats-Unis, à avoir refusé de signer le Protocole de Kyoto. Canberra explique ne pas vouloir pénaliser les industries fortement consommatrices d'énergie.
D'après la branche australienne du WWF, si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel en Australie, le nombre d'incendies de maquis et de broussaille progressera à terme de
150%, et des réserves naturelles comme les marais du Kakadu disparaîtront. Ce qui contribuera à "l'extinction massive de mammifères, d'oiseaux, d'insectes et de flore", prédit le Fonds.
Liens intéressants :
http://www.csiro.auhttp://www.wwf.com.auhttp://www.apec.org.au/default.asphttp://www.greenhouse.gov.au/index.htmlsource:
Journal La TribuneMars 2006
Economie, Monde
http://www.latribune.fr/News/News.nsf/A ... HAUFFEMENT*L'Australie aux avant-postes du réchauffement climatique?...