J’étais très enthousiaste à l’idée de partir vivre à Sydney vu ce que je pouvais lire. Je n’étais pas du tout anxieuse à l’idée de quitter famille et amis ou d’être confrontée à l’inconnu car entre 20 et 30 ans j’ai habité 7 ans aux USA, 1 an à Londres et 2 ans en Asie du Sud-Est. Mon mari a donc démissionné de son poste de cadre supérieur en France pour être embauché sous contrat Australien. Nous sommes arrivés à Sydney en début d’année avec notre petite fille de 2 ans. Trop tôt pour faire un véritable bilan, mais j’avoue que pour l’instant je ne partage pas du tout l’enthousiasme de mon mari ou de certains d’entre vous sur la vie en Australie. Je vais tenter de vous expliquer avec un peu d’humour pourquoi je n’aime pas vivre ici. Je tiens à préciser que nous nous sommes installés en Australie en famille pour y vivre de façon permanente et qu’il ne s’agit pas d’une expérience de 2 ou 3 ans pour découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture tout en travaillant.
Tout d’abord, il me semble que l’Australie soit un fantasme pour beaucoup de Français (tout comme ce pays l’était pour moi) et comment leur reprocher ? Même les médias vont dans ce sens en mettant dans les classement des 10 meilleurs endroits au monde où vivre 4 villes Australiennes ! Seulement les critères qu’ils utilisent pour faire leur ranking me fait penser aux biens choisis par l’INSEE en France pour nous montrer que l’inflation a été quasi non-existante alors que notre portefeuille nous dit le contraire en devenant plus léger. Certes, il y a des points très appréciables tels que vivre en bord de la mer, vivre sans avoir à penser à l’insécurité, vivre loin du marasme économique que l’on peut connaître en France, se dire que nos enfants seront véritablement bilingues … Cependant de là à faire une éloge dithyrambique de l’Australie, il y a un pas que je ne franchirais pas. La désinformation a commencé dès notre plus tendre enfance avec les koalas. Ensuite, il y a eu nos années ado pendant laquelle on a écouté Kylie Minogue, INXS ou ACDC en boucle. Plus récemment on a tous rêvé d’être le gagnant du meilleur job au monde pour travailler sur une plage du Queensland et quand on est coincé, entassé comme une sardine dans le métro parisien mais content d’être au sec car dehors la pluie est glaciale, alors cette image de la plage de sable blanc bordée par des cocotiers revient tel un boomerang et tu te dis «un jour ce sera moi». Bientôt tu brouteras une herbe plus verte dans la patrie des kangourous et koalas. Le koala : un des grand symbole de l’Australie. J’adore les koalas, tu adores les koalas, il adore les koalas, nous adorons les koalas … Néanmoins, qu’est-ce qu’un koala ? un marsurpial assoupit le plus clair de son temps. Cet animal est donc une grosse feignasse. D’ailleurs, cet animal disparaît petit à petit à cause de l’urbanisation. Les eucalyptus sont coupés et il se fait écraser sur les routes. Vous connaissez l’histoire de Paf le koala ?
En fait, loin du fantasme la réalité australienne est toute autre et si l’herbe est verte c’est parce qu’il pleut beaucoup. J’avais lu sur le net que Sydney pouvait s’enorgueillir de 300 jours de soleil par an. Foutaise ! Je vous l’accorde, il n’en reste pas moins que la météo est plus clémente que celle du nord de la France; mais je m’attendais à beaucoup moins de pluie. Avec la pluie et la végétation qui en profite pour reprendre ses droits, il y a plein de bestioles! Mais où sont passés les animaux mignons, emblèmes de tout un peuple ? … Au zoo de Taronga !! Alors vous me direz des bestioles nous en avons aussi dans nos jardins en France, sauf qu’ici les araignées peuvent être mortelles (j’ai déjà tué plusieurs redback dans notre jardin), les cafards volent, les pinces-oreilles font la taille de mon petit doigt et des sangsues on n’en trouve pas dans nos jardins français. Apparemment, il faut aussi faire attention aux tiques qui tombent des arbres ! Alors oui, j’ai beaucoup de mal à m’acclimater à cette nouvelle vie. Je pensais naïvement que les bestioles, on ne les trouvait que dans le bush et non pas dans des zones résidentielles à moins de 30 minutes d’une des plus grandes villes du pays. Je n’ose plus ouvrir les fenêtres de la maison. Toute la nourriture qui n’est pas au frigo est stockée dans des Tupperwares … et non, je ne suis pas parano c’est vraiment le seul moyen de limiter le nombre de cafards, fourmis, et autres bestioles à 6 ou 8 pattes. Pays à la c** qui me rend dingue !! La bombe insecticide n’est jamais loin de moi.
Je suis aussi surprise d’apprendre que les villes australiennes soient aussi bien classées car au pays des koalas et des kangourous le coût de la vie est exhorbitant, en particulier pour ce qui concerne l’immobilier. Or nous avons tous besoin de nous loger. Notre niveau de vie a nettement diminué même si le salaire de mon mari a été augmenté de 20% en arrivant ici. En France, nous vivions dans une grande maison de ville avec jardin de l’ouest parisien (à quelques minutes en voiture de Paris intramuros) et je dépensais sans compter alors qu’ici on dois faire attention à notre budget. Il faut dire qu’avec le coût de la location de notre PETITE maison et la crèche (133$ par jour) de notre fille c’est déjà près de 8,000$ qui s’envolent ! Pas de tax rebate pour le childcare et pas de Medicare non plus car nous sommes sous visa 457. On a pris une assurance santé privée. A la fin du mois, avec le loyer, le childcare, les abonnements téléphoniques, internet, les coûts associés à la voiture et la moto, l’alimentation, les utility bills, … on dépasse vite les 10,000$ par mois et on ne s’est pas encore vraiment fait plaisir ou parti en week-end.
En emménageant ici, on s’est aussi rendu compte que les maisons ici n’ont aucune isolation sonore. On habite dans une petite rue et mon dieu que c’est bruyant. On croirait vivre au bord d’une route nationale et comme les Australiens commencent leur journée tôt, le passage des voitures et des poubelles nous réveille dès 5:30 du matin ! et quand ce n'est pas les voitures c'est les kokaburras qui prennent le relais à 5:47 tous les matins. Un kokaburra est un oiseau qui fait exactement le même bruit qu'un singe hurleur. Au début on trouvait ça fun car ça nous donnait l'impression de vivre dans la jungle. Je dois vous avouer que maintenant je leur tordrais bien le cou. Satanés Kokaburras !! L’après-midi c’est le festival des tondeuses à gazon. Le seul avantage des journées pluvieuses et que ces après-midi là , nos oreilles ont du répit.
Nous rentrons doucement dans les mois d’hiver et on constate qu’il n’y a aucune isolation thermique non plus. Dès que la nuit s’installe les températures tombent et les nuits sont très fraîches (autour de 12C actuellement à Sydney et elles seront apparemment autour de 8C en juillet). Comme dans beaucoup de pays où l’hiver est court, le chauffage n’existe pas et si on veut se chauffer, il faut prendre un radiateur portatif ! Mais qu’est-ce que je fais ici ? J’en discutais avec une australienne qui m’a dit : « you need to roughen up a bit». Bien sûr que oui et va te faire f***** j’ai eu envie de lui répondre avant d’ajouter que dans les pays développés ils avaient inventé les cheminées il y a plus d’un siècle ! Je me suis abstenue car je savais que ça mènerait à rien de bon.
Concernant l’immobilier, il existe une différence majeure avec la France. Autant les lois françaises protègent à mon avis trop les locataires, autant ici elles ne les protègent pas assez. Les baux ont une durée d’un an et si après cette première année le propriétaire ne veut pas prolonger le bail, le préavis est seulement d’un mois. Sur un marché de l’immobilier hyper tendu, c’est stressant de se dire qu’on risque de devoir déménager tous les ans et encore plus stressant de se demander si on trouvera un logement « potable » en moins d’un mois. Si on casse le lease avant 1 an, on doit payer des pénalités. Aussi, en tant que locataire, pas le droit de planter un clou dans un mur pour y accrocher un cadre ou autre bibelot sans demander l’accord au préalable au propriétaire. Si accord il donne, il n’en reste pas moins que le mur devra être remis à neuf à la fin de la location (et pas juste un petit enduit pour boucher le trou). Sur le principe, ceci ne me choque absolument pas, mais si après un an le propriétaire reprend son bien, le clou planté dans le mur revient cher. Bref, on se dit qu’on achètera dès qu’on sera résident, mais là encore ce n’est pas évident de trouver une maison avec jardin qui soit en bon état à moins $1.3 millions avant le début des enchères. Le marché immobilier est tellement tendu que 99.9% des biens à vendre se font par enchères par un prix de réserve bien-entendu que l’acheteur potentiel ne connaît pas. Si vous pensez que le marché immobilier parisien c’est du n’importe quoi, attendez de venir à Sydney !
A tout cela, s’ajoute des détails mais ces petits riens ne m’aident pas à rebondir pour tenter d’apprécier la vie ici au quotidien. Dans le désordre : aucun plaisir à aller faire un peu de shopping car tout est tellement moche. Les cafés ou restaurants n’ont aucune âme, c’est juste des endroits avec une déco très minimaliste quand bien même il y a une déco pour manger ou boire un verre. A 22 degrés Celsius l’été, l’eau du pacifique est trop froide pour moi pour s’y baigner. Trouver une place pour se garer dans le centre de Sydney est aussi pénible qu’à Paris et plus son coût plus élevé. Dans les supermarchés, sur l’emballage des poulets on peut se réjouir de lire que ces pauvres bêtes avaient assez de place pour déployer leurs ailes. Une stratégie marketing qui ne rend perplexe sur l’achat de viande ici. On se réjouit d’avoir trouvé un bon boucher. La notion de service n'existe pas.
Je vais quand même terminer ce message de façon positive. Nous habitons au nord de Sydney dans le coin des northern beaches qui en plus d'être magnifique est fantastique pour les enfants avec des aires de jeux incroyables, de belles plages partout pour jouer dans le sable, beaucoup de piscines avec bassins pour toddlers ... C’est un bonheur de voir évoluer ma fille dans un environnement avec peu de pollution, des oiseaux (loriquets et cacatoes) et de la verdure partout. Les gens sont en général beaucoup moins stressés qu'en France et même si leur côté mielleux peut être déconcertant au départ, cela reste plus agréable. Pour les cadres sup. le "non travail" en dehors des heures de bureau semble être beaucoup plus respecté ici qu'en France.
Si je me suis décidée à écrire ce message qui va à l’encontre de beaucoup de chose que l’on peut lire, c’est pour montrer que l’Australie n’est pas, selon moi, un endroit idyllique pour tout le monde. En tout cas, ça ne l’est pas pour moi. Alors bien-sûr je vais faire mon maximum pour m’y adapter, pour positiver car un retour définitif vers la France n’est pas possible avant plusieurs années, si retour il y a.
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