Depuis à peine un an, le Néerlandais Guus Hiddink fait des miracles avec la sélection australienne, qu'il a qualifiée pour la deuxième Coupe du monde de son histoire. L'entraîneur du PSV Eindhoven a réorganisé d'une main de maître une équipe à la dérive.
L'envie de replonger Trente-deux ans après sa première participation à une phase finale de Coupe du monde, l'Australie s'est de nouveau qualifiée pour la compétition suprême. Un point commun à ces deux aventures : l'Allemagne, le pays qui avait déjà accueilli (et remporté) le Mondial en 1974. Il y a trois décennies, les Australiens étaient repartis précipitamment d'Europe après un parcours sans gloire. Avec un nul (0-0 contre le Chili) et deux défaites (0-3 contre la RFA et 0-2 face à la RDA), ils ont terminé la compétition bons derniers de leur groupe avec zéro but marqué. La Fédération australienne a pris la responsabilité d'engager le renommé et charismatique Guus Hiddink pour éviter de faire une nouvelle fois de la figuration. Après avoir emmené les Pays-Bas et la Corée du Sud en demi-finale des deux dernières Coupe du monde, l'entraîneur du PSV Eindhoven a succombé à l'appel, un brin désespéré, d'une sélection à la dérive, lui qui mourrait d'envie de revivre les fastes et l'excitation d'une Coupe du monde.
Tout s'est joué en juillet 2005,il y a moins d'un an. Un changement à la tête des Socceroos - surnom de la sélection australienne et contraction de "soccer" et "kangoroos" - était inéluctable. Après un début de millénaire en progrès avec des résultats très encourageants contre de grandes nations comme le Brésil (victoire 1-0 en 2001), la France (victoire 1-0 en 2001) ou bien encore l'Angleterre (victoire 3-1 en 2003), l'Australie était complètement larguée, il y a un an, après une Coupe des Confédérations pour le moins calamiteuse. Dans un groupe certes relevé, avec l'Allemagne, pays hôte encore une fois, l'Argentine et la Tunisie, la sélection de Frank Farina a totalement sombré : trois défaites et dix buts encaissés. Un cauchemar avant tout vécu comme une humiliation par les instances dirigeantes de la Fédération, dont le président n'est autre que la deuxième fortune du pays. Il fallait un sauveur en puissance. Convaincu, Hiddink a débarqué avec un optimisme béat. Lors de sa première conférence de presse, il n'a pas hésité à lancer une formule toute faite mais prometteuse : « Rendre possible l'impossible. » Mais afin de calmer les ardeurs liées à sa venue, et pour se protéger au cas où les choses devaient mal tourner, le Néerlandais a quand même bien précisé : « Mon CV n'est pas une garantie. Seuls les joueurs peuvent forcer le destin. »
Inculquer une culture défensive et tactique Le Néerlandais a pris ses fonctions de sélectionneur tout en conservant son poste d'entraîneur au PSV, qu'il vient d'ailleurs de mener au titre de champion. Avec un adjoint constamment sur place, il garde un oeil et un pied de l'autre côté de la planète. Quand il a été nommé, l'Australie n'était pas encore qualifiée pour la Coupe du monde et elle devait franchir le toujours très compliqué match de barrage, le premier fait d'arme du Batave. Contre l'Uruguay, les Socceroos ont évité l'écueil et pris du même coup leur revanche sur 2002, avec une qualification acquise lors de la séance des tirs au but (0-1, 1-0 4-2 t.a.b.), provoquant à Sydney des scènes de liesse plutôt inhabituelles. Face aux lacunes criantes de son groupe, Hiddink a dans un premier temps cherché à décomplexer ses joueurs. Il s'est ensuite attaché à inculquer à ses nouveaux protégés une culture défensive et tactique un peu plus poussée. Cette organisation rigoureuse a vite porté ses fruits. Promu capitaine, l'attaquant Mark Viduka apprécie le changement. « Nous sommes beaucoup mieux organisés sur le terrain, reconnait-il dans "L'Equipe" en novembre dernier. Guus est quelqu'un de très relax. Il cherche à nous calmer, à mettre un frein à notre traditionnelle agressivité. Notre style est plus posé. Nous conservons davantage le ballon sans chercher à marquer le plus vite possible ».
L'Australie joue aujourd'hui plus libérée et peut miser sur ses individualités pour faire la différence. La défense à trois éléments est une ligne sûre et bien gardée avec Mark Schwarzer (Middlesbrough) comme gardien du temple. Avec notamment Jason Culina (PSV) et Tim Cahill (Everton), le milieu de terrain se veut technique, capable de garder le ballon et de lancer proprement les deux stars en attaque, Mark Viduka et Harry Kewell, anciennes terreurs de Leeds, aujourd'hui exilés à Middlesbrough et Liverpool. Contrairement à 1974, où la plupart des internationaux n'étaient que semi-professionnels, le cru 2006 comporte essentiellement des joueurs aguerris aux joutes des grands championnats européens, une dizaine évoluant en Angleterre. Seul le défenseur Jade North réside encore au pays, aux Newcastle Jets... En juin en Allemagne, les Socceroos devront jongler avec le Brésil, le Japon et la Croatie, dans le groupe F. Leurs chances de finir deuxièmes et de se qualifier pour les huitièmes de finale sont minces. Le pari semble difficile. Désormais, il n'est plus impossible...
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