Asséchée, l'Australie se convertit au dessalement d'eau de mer
LE MONDE | 05.11.07 | 15h01 • Mis à jour le 05.11.07 | 15h01
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Après des mois de tergiversations, l'Etat d'Australie méridionale a récemment donné son accord à la construction d'une usine de dessalement d'eau de mer sur le golfe de Saint-Vincent. L'usine doit permettre d'assurer les besoins en eau de la ville d'Adélaïde, métropole de plus d'un million d'habitants. C'est un investissement primordial pour l'Australie méridionale, touchée, comme presque tout le pays, par plusieurs années consécutives de sécheresse qui ont abaissé régulièrement le niveau des réservoirs.
"Il a fallu trouver une façon d'assurer une alimentation en eau pérenne, qui ne soit pas dépendante de précipitations devenues trop variables", commente Ross Young, directeur exécutif de Water Services Australia, association regroupant les compagnies d'eau desservant quinze millions d'Australiens.
Depuis un an, tous les principaux centres urbains du pays - situés sur le littoral - s'orientent vers le dessalement d'eau de mer. Perth, dans l'ouest, est devenue, il y a plusieurs mois, la première ville du continent à utiliser le dessalement comme source majeure d'approvisionnement en eau. L'usine de Kwinana - dont l'exploitation est assurée par Degrémont, filiale de Suez Environnement - produit 140 000 m3 d'eau par jour par un procédé de filtration membranaire, et subvient à 17 % des besoins de la ville.
En juin, l'Etat du Victoria a, à son tour, annoncé la construction d'une usine de dessalement, la plus grande du pays, pour deux milliards d'euros. Les 150 milliards de litres d'eau produits chaque année alimenteront Melbourne, dont les réservoirs n'étaient plus remplis qu'à 28,5 % au mois de juin.
A Sydney, la construction d'une usine est sur le point de commencer, et le Queensland va investir 760 millions d'euros pour équiper la région de la Gold Coast.
Inconvénient majeur : le coût élevé de construction et de fonctionnement de ces équipements, voraces en électricité. Les consommateurs devront donc se faire à l'idée de payer leur eau plus cher et de limiter son utilisation. "Le prix de l'eau pourrait doubler en cinq ans", estime Ross Young.
Autre souci : le coût écologique du dessalement. Des écologistes s'inquiètent des émissions de gaz à effet de serre de ces usines. La plupart des Etats se sont cependant engagés à recourir aux énergies renouvelables. "Il y aura un impact environnemental, mais avec des sources limitées, nous n'avons pas le choix. Nous aurions même dû construire ces usines avant", estime le chercheur Chris Colby, de l'école d'ingénierie chimique de l'université d'Adélaïde.
En sus du dessalement, l'Australie développe également d'importants projets de recyclage de l'eau, essentiellement pour l'industrie et l'irrigation. Seize milliards d'euros seront investis ces prochaines années dans de nouvelles infrastructures de traitement de l'eau.