Des émeutes à Sydney illustrent la marginalisation des Aborigènes
17/02/2004 - 09:18

SYDNEY, 17 fév (AFP) -

Les émeutes du week-end dans le quartier aborigène de Sydney ont à nouveau mis en évidence la marginalisation des autochtones d'Australie après plus de 200 ans de présence européenne.

Au lendemain d'exactions au cours desquelles une quarantaine de policiers ont été blessés, le calme était revenu mardi à Redfern, où les doyens de la communauté aborigène s'étaient rassemblés pour prévenir toute nouvelle violence.

Les émeutes ont éclaté après qu'un jeune de 17 ans, Thomas Hickey, eût trouvé la mort samedi lors d'une chute de vélo au cours de laquelle il s'est empalé sur une grille de fer.
Sa famille et les habitants de Redfern ont affirmé que le jeune homme était pris en chasse par la police lors de l'accident. Une version des faits catégoriquement démentie par la police mais qui va faire l'objet d'une enquête judiciaire et d'une autre de la police des polices.

Quelles que soient les conclusions de ces enquêtes, ont estimé les responsables de la communauté aborigène, elles n'iront pas suffisamment au fond des choses pour expliquer pourquoi les 400.000 Aborigènes d'Australie, sur 20 millions d'habitants, dépossédés de leurs terres il y a 200 ans, figurent aujourd'hui au rang des populations les plus pauvres et les plus défavorisées de la planète.

La mort du jeune Hickey et les violences qui ont suivi ont une nouvelle fois mis en exergue un problème qu'aucun gouvernement australien, toute appartenance politique confondue, n'est parvenu à résoudre.

Des millions de dollars ont été investis dans différents programmes pour aider les Aborigènes, qui n'ont obtenu le statut de citoyen australien qu'en 1967, mais l'espérance de vie de la communauté reste inférieure de 20 ans à celle des autres Australiens.
Redfern est depuis longtemps considéré comme un ghetto dans Sydney, où les blancs et particulièrement les policiers ne sont pas les bienvenus. Les habitants de ce quartier mettent en cause l'hostilité des blancs à leur égard ainsi que la brutalité et les harcèlements policiers comme toute réponse aux problèmes de Redfern.

Ray Minniecon, responsable d'un programme social à Redfern, a estimé que son ethnie commençait seulement à s'adapter au nouveau système économique après 50.000 ans durant lesquels ils n'avaient aucune raison, ni volonté, de développer une économie de marché "basée sur un système de valeur complexe et centralisée, que nous appelons l'argent".

"Depuis près de 200 ans, nous sommes maintenus à l'écart de la nouvelle Australie qui a été construite sur notre terre, sans notre contribution", a-t-il écrit dans le journal Sydney Morning Herald.

Il n'est pas sur que les choses aillent en s'améliorant. Le dirigeant de l'opposition conservatrice de l'Etat de Nouvelles Galles du Sud, dont Sydney est la capitale, a défendu lundi la manière ferme comme seule solution aux problèmes de Redfern. "J'y enverrais les bulldozers" pour que des émeutes ne se répètent pas à intervalle régulier, a dit John Brodgen.
Source : http://www.courrierinternational.com/af ... 1.lc8vcm3t

Emeutes après la mort d'un jeune en Australie
Une quarantaine de policiers ont été blessés lors d'affrontements avec des Aborigènes.
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«Cette étincelle a mis le feu à la poudrière raciale», écrivait hier le quotidien The Australian. Dimanche soir et pendant neuf heures, plus d'une centaine de jeunes s'en sont pris aux forces de police, à coups de cocktail Molotov et de pierres. De nombreux policiers ont été blessés et cinq émeutiers arrêtés. Le Premier ministre de l'Etat, Bob Carr, a estimé que «la chaleur et l'alcool ont joué un rôle important» dans ces violences.

A Sydney, les esprits sont en effet échauffés. John Brogden, le leader de l'opposition, s'en est pris aux «voyous aborigènes» et a proposé de raser une partie du quartier, surnommé le «Block», à coups de bulldozer. De son côté, un responsable de la communauté aborigène, Lyle Munro, affirmait : «Si les enfants de Palestine combattent les chars avec des frondes, nos enfants peuvent faire la même chose. »

Le quartier de Redfern est l'un des points les plus sensibles de Sydney, où les affrontements avec la police sont fréquents. Lieu de tous les trafics, le «Block» est un quartier interdit dans les faits à la population blanche de Sydney.

Ce «lieu de démolition, d'aliénation et de dégradation», selon le quotidien The Age, est également «l'épicentre de la culture aborigène». Les 400 000 Aborigènes représentent moins de 2 % de la population du pays et forment une communauté largement marginalisée.

Source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=179286